Hors d'oeuvre

J’ai appétit je dévore la crinoline fleurie au-delà du miroir où les lèvres bonbons embrassent le couperet du boucher qui danse quand les astres farcis sont prétextes aux regards de la chair qui écume un filet du destin dans un corps de chagrin qui accueille l’aurore au détour imprévu de la vie qui s'endort évanouie assoupie sous les phares de la mort

 

Faites vite avant de vous étendre et d’éteindre la lumière

Le terrier

La maison embaume la tarte au sucre préparée par belle Yza. Je l’aperçois se prélasser dans un bain fumant et moussant par une brèche de la porte de salle de bain. Un autre café chaud près du foyer alors que mes yeux se perdent dans le blizzard. Simon saute dans mon dos et me fait un interminable câlin. Il me tend ensuite un cadeau: un dessin fait de sa main et un sac de chocolat juste pour moi.

 

Je descends dans ma tanière rock’n’roll pour extraire un peu de symphonie de ma journée. Même le lapin blanc a besoin d’un terrier. Peu importe où mes pas me mèneront, je sais que j’aurai maison et amour qui m’attendent.

 

La vie ne pourrait être plus belle.

Folie manifeste et voie manifestée

Je finis par joindre le Nomisky via la messagerie pour lui faire part de mon excitation: tard dans la nuit du 28 décembre 2015, j’avais retrouvé la voix, la voie aussi. Cette voix étouffée par de nombreuses années de normalité nécessaire. Cette voie dont j’avais aperçu le pavé à mes 16 ans et que j’ai délaissé. Le 29 décembre 2015, je suis mort et ressuscité, et nous nous devons de fêter l’avènement.

 

C’est l’hiver, enfin. La première vraie bordée de neige est l’excuse parfaite pour écouter White Rabbit à volume démesuré. J’adore taper sur les cymbales avec un bâton de baseball. Le feedback de ma guitare branchée à un ampli au maximum est une harpie qui vocifère un chant de guerre. Rien ne sera jamais plus pareil. Tant mieux! 

Des guns à fleurs et du «love power»

[Autopsie de l’horreur]

 

Le bruit des mortiers, des rafales offensives et le vacarme typique de la destruction enchevêtrent ma nuit d’homme: on m’explique la barbarie stalinienne à l’air de l’Armée Rouge et des excès communistes d’une époque qu’on qualifie de révolue. Témoin anachronique d’une révolution qui n’a jamais été et ne sera jamais mienne, j’entrecoupe les désastres de mes contemporains à ceux d’un cruel Kremlin. Plus ça change, plus c’est pareil.

 

L’usage des violences a toujours été pour moi une aberration, une vulgaire comédie où les dirigeants rivalisent d’imagination pour justifier l’injustifiable: la mort, la mort et encore la mort. Ils ont même l’impudence de déguiser la hargne en la costumant de vertus tels la liberté, le bien commun et même la justice. L’ignorance de la populace agissant comme un puissant sédatif, les tyrans réussissent à berner grâce à une forme ou une autre de dictature de l’esprit, catalyseur qui mobilise même les plus doux dans une sphère de cruauté quasi animale.

 

À l’ère du partage et de l’information, le règne de la peur prendra fin tôt ou tard.

 

[Un vague sein pour la rage]

 

Il n’y a pas de territoire plus doux que la peau des femmes, de lieu plus douillet que l’iris des femmes, d’amour plus aimant que celui des femmes. À l’homme militaire au coeur d’airain sera prescrit de s’enfermer dans la splendeur des femmes.

 

[Prélude aux chaleurs humaines]

 

L’humain ayant longuement souffert de ses misères et ses frayeurs, il se dénude pour envahir les citées de béton. Une masse brillante et fulgurante en phase avec l’univers, marchant d’un seul pas pour déboulonner les chars, désamorcer l’ogive et dévisser les parlements. Les semeurs de morts, cette minable minorité, sont acculés au pied du mur pour être fusillés d’amour avec des guns à fleurs.

 

War is over!